En tant qu’Espagnol vivant en France, j’ai dû apprendre et appréhender le concept de laïcité tel qu’un citoyen gaulois le vit et l’expérimente. Les nuances entre un pays non confessionnel et un pays laïque sont beaucoup plus variées qu’il n’y paraît à première vue. La séparation de l’Église et de l’État est l’une des valeurs et des principes que l’Église adventiste du septième jour défend et promeut dans le monde entier. En principe, cela correspond tout à fait au concept français de “laïcité”, cependant, pour la république européenne laïque qui est la référence mondiale en la matière, cela va au-delà d’une simple séparation. La religion est reléguée à la sphère pratiquement personnelle et privée, surtout si l’on parle de l’esprit de “néo laïcité”, ou d’une laïcité plus stricte.
En tant que responsable de la liberté religieuse à l’Union franco-belge (Division intereuropéenne), je souhaiterais souvent que les autorités françaises entendent davantage d’histoires comme celle qui a été partagée publiquement lundi lors de la 61e session de la Conférence générale. C’est l’histoire de deux baptêmes, d’un couple marié qui a donné sa vie à Jésus hier. Ce baptême est symbolique, comme ils le sont tous, cependant, sa pertinence est ancrée dans la transcendance qui va au-delà de l’aspect spirituel, en raison de qui sont les protagonistes de l’histoire.
Kent Sharp, trésorier de la Radio mondiale adventiste, était très ému près du baptistère qui avait été installé pour la circonstance. Fidèle à son caractère et à sa façon de travailler, il s’est tenu derrière la rangée de caméras, discrètement à l’arrière-plan. Son émotion était le fruit de son travail dans l’ombre, discret, qui a permis à cette histoire, avec toutes les conséquences collatérales qu’elle comporte, de devenir réalité, avec la direction et l’intervention de Dieu.
C’est l’histoire d’Eric et Léa Gevarra, partagée par Kent Sharp alors que le miracle se déroule sous nos yeux.
Depuis 50 ans, un groupe de rebelles opère aux Philippines, plus précisément sur l’île de Mindoro, et s’appelle la Nouvelle armée populaire. Ce sont des communistes, athés, qui ont été considérés comme des terroristes par les autorités et l’armée philippine. Le groupe a été un véritable défi pour eux.
Il y a cinq ans, la Radio mondiale adventiste a lancé un projet d’évangélisation dans la région afin de former les pasteurs adventistes du Japon à de nouvelles méthodes d’évangélisation par le biais du ministère de la radio.
Les émissions ont commencé et se sont poursuivies au cours des cinq dernières années dans la région. C’est dans les montagnes de cette région que se cachait ce groupe de rebelles armés. Des gens violents, meurtriers, athés, qui tuaient des policiers et tout représentant du gouvernement.
Personne ne savait ou ne réalisait que ce dangereux groupe de rebelles, avait aussi commencé à écouter les émissions de la Radio mondiale adventiste. Par différents moyens de messagerie instantanée, ils ont contacté et commencé à poser des questions sur les émissions qu’ils entendaient sur Dieu et la Bible.
Cinq ans plus tard, toute la Nouvelle armée populaire s’est rendue au gouvernement philippin, grâce au travail que le Saint-Esprit a accompli dans le cœur de ces personnes par le biais des émissions de radio. Une grande majorité d’entre eux ont accepté la foi adventiste.
Eric Gevarra, baptisé avec sa femme Lea lundi soir au America’s Convention Center, était colonel dans la Nouvelle armée populaire. Un autre candidat au baptême qui n’a finalement pas pu assister à l’événement était le général du groupe armé, le supérieur immédiat du colonel Eric Gevarra. Lui aussi a accepté la foi adventiste.
Tous deux faisaient l’objet d’un mandat de recherche et d’arrêt, et des récompenses étaient offertes pour leur capture. Cependant, grâce aux émissions de radio et à la transformation de ces personnes, le conflit a cessé. En outre, le général est désormais troisième dans la chaîne de commandement de l’armée philippine.
Des milliers de membres de la Nouvelle armée populaire et leurs familles ont déjà été baptisés. Plusieurs autres militaires sont présents et seront baptisés vendredi soir prochain.
Cette histoire vraie montre à quel point une église peut contribuer à la paix et à la stabilité d’une société sans compromettre la séparation de l’Église et de l’État. Permettre une activité au-delà du privé, dans des espaces publics neutres, peut “épargner” au gouvernement des années de conflit et de souffrance pour des milliers de personnes.
Le président des Philippines a demandé une audience personnelle avec les responsables de l’Église adventiste du septième jour, grâce à ces événements qui ont changé le paysage social, mis fin à un conflit de plus de 50 ans et ramené la paix et la coexistence dans une région qui a souffert pendant des décennies.
L’avenir est prometteur! D’anciens membres de la Nouvelle armée populaire ont invité les prédicateurs adventistes à prendre contact avec un autre groupe rebelle musulman qui opère encore dans certaines parties de la région. Selon Kent Sharp, il y a déjà eu des résultats positifs.
Le fait que les adventistes du septième jour ne mangent pas de porc (en respectant les principes du Lévitique 11), ne boivent pas d’alcool, ne fument pas, pratiquent un mode de vie sain, permet d’établir des ponts de dialogue positif avec ces groupes rebelles musulmans.
L’Évangile a un pouvoir transformateur capable de changer un terroriste en un chrétien qui aime son prochain. Un groupe d’individus qui vivent ce type de changement peut constituer une «armée», devenant des citoyens complètement différents de ce qu’ils étaient, par la grâce de Dieu.
La séparation de l’Église et de l’État est nécessaire. Malgré la neutralité dont un État doit faire preuve à l’égard des groupes religieux, la protection de la liberté religieuse apporte de grands avantages sociaux à un pays qui respecte ces principes.
Dieu opère plus facilement là où il y a de la liberté que là où il n’y en a pas. La laïcité française reste un modèle, avec celle des Etats-Unis, de coexistence séparée entre pouvoir civil et religieux. Mais toute modification dans cet équilibre délicat empêchera des miracles comme ceux d’Eric et Léa Gevarra, ainsi que des milliers d’autres qui sont aujourd’hui des citoyens complètement différents, à la fois, du pays où ils habitent et du Royaume des cieux.
Ce n’est qu’un épisode de plus dans l’histoire de l’Église adventiste du septième jour qui, cette semaine, travaille dans sa 61e session mondiale pour continuer à avancer. Une église mondiale qui, avec le Seigneur, est un outil dans Ses mains, servant son prochain afin que d’autres histoires similaires puissent continuer à se produire dans l’avenir.